Le Travail industriel
Corps, matières, machines, mouvements, lumières mêlées…
De 1997 à 2015, j’ai peint essentiellement les hommes et les femmes au travail dans l’industrie métallurgique.
Pourquoi l’industrie ?
C’est le secteur que je connais de l’intérieur puisque j’ai grandi dans une période d’expansion économique où toute la vie collective de ma région était rythmée par les sirènes d’usines.
La jeunesse est le réservoir inépuisable de connaissances essentielles et de sensations dans lequel l’artiste puise ses forces créatrices au cours de sa vie. Ce réservoir recèle l’archéologie de l’histoire personnelle ainsi que ses liens au contexte historique et à l’identité collective du groupe social d’appartenance.
Je suis une femme artiste qui peint les hommes. Dans l’histoire de l’art, les femmes sont assignées à la passivité en ayant la place de modèle et non d’artiste. Les avancées du féminisme et ma connaissance des codes de la culture ouvrière de la grande industrie me permettent d’avoir la liberté de rendre compte du travail des ouvriers en allant les dessiner dans les ateliers d’usines.
Dans mes dessins et mes peintures sur le travail ouvrier je cherche à exprimer les relations entre les ouvriers et l’univers industriel.
Techniquement, Je travaille en deux temps :
Premièrement les dessins :
Ce sont des prises de données sur le vif chargées émotionnellement par l’atmosphère générale de l’usine et les relations humaines qui se tissent entre les ouvriers et moi, puisqu’un grand dessin au fusain nécessite dix heures de travail sur place dans les ateliers ;
Deuxièmement les peintures et les créations infographiques :
– J’élabore les peintures dans le silence de mon atelier où mon objectif est de m’éloigner des émotions et de la réalité pour m’approcher de l’abstraction.
– Ou, je travaille avec la graphiste Delphine Loriel d’après mes dessins et ses photographies. Nous créons alors à quatre mains des planches infographiques qui font un trait d’union entre les machines-outils traditionnelles et cette machine contemporaine qu’est l’ordinateur.
Dans le Bassin creillois j’ai travaillé chez :
- Arcélor-Mittal, grand laminoir,
- Montupet, fonderie industrielle travaillant pour l’automobile,
- Howden, fabricant de compresseurs pour gaz complexes,
- Caterpillar fabricant d’engins de chantier,
- Rivierre, dernière clouterie française,
- Ainsi que dans les carrières de pierre de Saint Maximin et les chantiers de construction.
Dans le Val-de-Marne, je travaille dans des petites entreprises familiales.